Climat Episode de verglas - Fauteuils verglacés au Diamant - St Pierre - Mars 2024

Bulletin climatique annuel 2024

09/04/2025

L’année 2024 a été une année singulièrement plus chaude que la normale* avec une température moyenne annuelle de 7,5 °C, soit +1,5 °C au-dessus des normales et se place comme la troisième année la plus chaude depuis le début des mesures. Le cumul des précipitations a été proche de la normale avec 1 305 mm relevés et on observe un faible excédent d’ensoleillement par rapport aux normales avec 1 455 heures cumulées sur l’année.

* toutes les normales sont calculées sur la période 1991-2020

Températures

Comme les quatre années précédentes, 2024 a été plus chaude que la normale, avec une moyenne de température annuelle de 7,5 °C, pour une normale de 6,0 °C. Chaque saison montre une anomalie de température qui s’étale donc sur chaque mois de l’année. On peut tout de même noter un mois de juillet proche des records, avec une température moyenne mensuelle de 16,5 °C, alors que la normale s’élève à 14,4 °C, atteignant la deuxième place derrière juillet 2023 et ses 16,8 °C. De même, le mois de novembre établit un nouveau record de température moyenne mensuelle, avec une température moyenne de 7,2 °C, dépassant novembre 2021 et ses 7,1 °C.

À l’échelle quotidienne, les extrêmes de températures vont d’une minimale annuelle de – 9,8 °C, relevée le 24 janvier, à une maximale de 26,6 °C, le 18 septembre.
D
e nombreux autres évènements et phénomènes marquants ont été observés cette année, entre autres :

– Aucune occurrence de température minimale inférieure ou égale à – 10 °C (seuil de très forte gelée), ce qui contraste avec les 9 jours de l’année 2023.

– Pour continuer sur les températures minimales, 113 jours de gel ont été relevés en 2024 avec une dernière gelée de l’hiver 2023-2024 le 28 avril et la première gelée de l’hiver 2024-2025 le 3 décembre, valeur la plus tardive depuis le début des mesures, repoussant de 2 jours l’ancien record de gel tardif de 2016.

– 104 jours ont vu leur température minimale être supérieure ou égale à 10 °C, entre le 21 juin et le 25 octobre (soit 104 jours sur les 128 jours possibles), plaçant 2024 en troisième position derrière 2022 et 2012 (respectivement 112 et 111 jours) et devant 1999 et 2023 (resp. 103 et 102 jours). Ces cinq années étant les seules à atteindre et dépasser le seuil de la centaine d’occurrences.

– 49 jours ont vu la température maximale atteindre ou dépasser la barre des 20 °C, s’étalant sur une période du 20 juin au 19 septembre (soit 49 jours sur les 92 jours possibles). Ceci marque un nouveau record annuel devant les 44 jours de 2023 et les 42 jours de 2014.

– 3 journées ont atteint ou dépassé la valeur symbolique de 25 °C (seuil de chaleur). Une première fois le 21 juin (25,2 °C), une seconde le 8 juillet (25,5 °C) et la troisième le 18 septembre (26,6 °C).
Le 18 septembre devenant la journée la plus tardive atteignant 25 °C, devant les 25,5 °C du 14 septembre 2003.

— Les 25,2 °C du 21 juin marquent un nouveau record de température maximale quotidienne pour le mois de juin, devant les 25,1 °C du 27 juin 2000.

— Les 26,6 °C de septembre de leur côté établissent la seconde plus haute température maximale quotidienne pour un mois de septembre derrière les 26,8 °C du 9 septembre 2001 et se placent également comme la quatrième plus haute valeur tous moins confondus (maximale de 28,3 °C le 06 juillet 2013).

Pour terminer, on notera la curiosité suivante : parmi les 10 plus hautes températures minimales quotidiennes pour le mois de juillet, 8 ont été établies entre 2023 et 2024.

Précipitations

Les précipitations cumulées pour l’année 2024 (1 305,6 mm) sont dans la norme et ses 1 295,3 mm.

Le mois de juin a été le plus arrosé de l’année, avec 199,6 mm, soit le second mois de juin le plus pluvieux depuis le début des relevés en 1966, derrière juin 1988 et ses 261,3 mm. Le mois de janvier constitue le mois le plus sec de l’année avec ses 37,4 mm, soit le second mois de janvier le plus sec après janvier 2010 et ses 25,4 mm.

La hauteur maximale quotidienne (64,9 mm) a été relevée le 24 octobre.

Le nombre de jours de précipitations ayant reçu au moins 1 millimètre (149 jours) est proche de la norme (144,6 mm), tout comme le nombre de jours de précipitations supérieures ou égales à 10 mm (39 jours pour une normale à 42,5 jours).

Seuls 78 jours de l’année 2024 ont vu une occurrence de neige, avec 63 jours de janvier à avril et 14 jours en décembre. Il a neigé relativement régulièrement en début d’année sans qu’aucune couche de neige ne se forme au sol avant un premier épisode conséquent fin janvier et surtout avant l’épisode majeur du milieu de mois de février donnant lieu à une accumulation de 40 à 50 centimètres* sur deux jours. De même, un évènement exceptionnel de pluie verglaçante précédant une accumulation de neige de 15 à 20 cm du 7 au 8 mars aura glacé la couche de neige en place, permettant sa tenue au sol pour plusieurs semaines, les derniers névés ayant fondu entre le 10 et le 20 mai. À noter également, une première occurrence de neige (partiellement fondue) relativement précoce, à la fin octobre, le 28, et une absence totale d’occurrence de neige sur le mois de novembre.

*estimation, les mesures de hauteurs de neige ne sont plus réalisées à la station depuis l’été 2022.

Ensoleillement

Le cumul d’insolation de cette année 2024 (1 455,8 heures) est légèrement supérieur à la normale (1 392,9 heures) avec un automne et un hiver particulièrement ensoleillé, excepté pour le mois de novembre.

Le mois de septembre aura été le mois le plus ensoleillé de l’année avec 192 heures et 28 minutes, soit le deuxième mois de septembre le plus ensoleillé depuis 1991*, derrière les 204 heures et 55 minutes de 2003. Le mois d’octobre, avec ses 146 heures et 56 minutes, constitue, pour sa part, un nouveau record d’insolation pour un mois d’octobre, battant de 14 minutes le record d’octobre 1998.

Le mois le moins ensoleillé aura été le mois de novembre avec ses 42 heures et 10 minutes (normale à 61 heures et 40 minutes), soit le 7ᵉ mois de novembre le moins ensoleillé depuis le début des mesures.

* données normalisées depuis 1991

Zone rouge: lorsque la durée d'ensoleillement est supérieure à la normale/ Zone bleue: lorsque la durée d'ensoleillement est inférieure à la normale.

Brouillard

En 2024, 125 jours avec occurrence de brouillard ont été observés, représentant le troisième total le plus élevé depuis 1966, derrière 1971 et 1966 (avec respectivement 136 et 127 jours), dont 21 jours en juin et en juillet (avec des normales respectives de 13,8 et 19,2 jours). Les mois de mai et d’août auront été également au-dessus des normales concernant le brouillard, avec 16 jours d’occurrence chacun (normales respectives de 11,7 et 11,4 jours).

Deux séries longues (supérieures à 10 jours) ont été observées, respectivement 15 jours consécutifs du 2 au 16 juin et une seconde de 13 jours du 7 au 19 juillet.

Sur la période estivale standard, du 1er juin au 31 août, on observe 59 journées de brouillard sur 92 jours possibles (environ 64 % des jours). Si on choisit la demie année dite des « beaux jours », pouvant être arbitrairement choisie du 1er mai au 31 octobre, on observe 83 jours de brouillard sur 184 (environ 43 %). Ce qui laisse 42 jours de brouillard répartis sur les 6 autres mois (donc les 182 autres jours) de l’année.

Vents

Avec une vitesse moyenne annuelle de 25,2 km/h (13,6 nœuds (kts)), 2024 est légèrement au-dessus de la normale et de ses 23 km/h (12,4 kts). Novembre représentant bien cette année, avec une anomalie positive de vent moyen d’environ 20 % (31,3 km/h (16,9 kts) pour une normale à 25,9 km/h (14 kts)).

Six mois (janvier, février, Mars, avril, novembre et décembre) ont vu une rafale dépasser les 100 km/h (54 kts), cinq (les mêmes que précédemment, sans mars) atteignent les 110 km/h (59,4 kts) et seul décembre présente une rafale dépassant les 120 km/h (64,8 kts), pour un total respectif de 18,6 et 1 jour.

La rafale maximale pour l’année 2024 a été mesurée à 122,4 km/h (66,1 kts), le 21 décembre.

Ouragan et orages

Aucun ouragan n’est parvenu sur l’archipel cette année. Seul l’ouragan Ernesto s’en est approché, encore en catégorie 1, entre le 19 et 20 août, selon une trajectoire Sud-Ouest → Nord-Est, suffisamment au large et le conduisant à traverser l’Atlantique Nord jusqu’aux Îles Britanniques.

Concernant les orages, 5 jours d’orage ont été observés cette année, ce qui est légèrement inférieur à la norme (6,4 jours/an en moyenne). Ces occurrences sont réparties comme suit : 1 en juin, 1 en juillet et 1 en août et 2 jours d’orage en septembre. L’évènement le plus significatif a eu lieu en août, dans la soirée du 13.

Evènements marquants

Nous présentons ici, en surface, quelques évènements météorologiques marquants ayant eu lieu au cours de l’année écoulée. En premier lieu, la sévère tempête de neige de février, l’épisode de verglas de mars et pour finir, l’orage d’août.

Tempête de neige de février

Le 13 février, un puissant Nor’easter (tempête hivernale de Nord-Est sur la côte Est des États-Unis d’Amérique) émerge sur l’océan Atlantique et amorce une trajectoire passant vers le Sud-Est de l’archipel. À ce moment-là, une vigilance jaune est d’ores et déjà émise par le Service Régional de Saint-Pierre-et-Miquelon, le phénomène étant attendu de déposer 20 à 25 cm de neige la journée du 14.
Sa trajectoire ne dévie pas vraiment sur la journée, mais la tempête se creuse plus rapidement, approchant 950 hPa en pleine mer (970 hPa à Saint-Pierre). Le cumul de neige prévu devient alors plus important et une vigilance orange pour fort cumul de neige est émise le mercredi 14 février au matin.

La tempête se déplace lentement, du Sud-Est de Terre-Neuve vers son immédiat Nord-Est entre le 14 et le 16. Les conditions météorologiques peinent à s’améliorer (surtout à Saint-Pierre) et le cumul total atteint de 45 à 50 centimètres le 16 février au matin.

Un tel cumul en un unique phénomène est relativement rare sur l’archipel et 40 centimètres en une seule fois n’était pas arrivé depuis l’hiver 2004.

Verglas de mars

Le 7 mars, une perturbation se creuse sur la côte Est des États-Unis et remonte d’importantes quantité d’air humide de la Floride. Un anticyclone sur la péninsule du Québec-Labrador bloque l’advection en une bande de précipitations au sud de Terre-Neuve, dont l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Une première vigilance orange pour verglas est émise le 6 mars avec des cumuls de glace pouvant dépasser le centimètre. Le 7 mars au matin, la vigilance orange passe en rouge, le cumul de glace étant prévu proche de 2 cm, pouvant les dépasser voire les doubler par endroits. C’est la première émission de vigilance rouge pour l’archipel depuis que celle-ci est mise en place sur le territoire.

La pluie commence à tomber en milieu d’après-midi le 7 mars et la température descend lentement sous zéro en fin de journée. La glace commence à s’accumuler sur les surfaces les plus froides et exposées au refroidissement éolien. L’intensité des précipitations a permis de mitiger l’accumulation de glace sur les routes, ne formant alors qu’une croûte irrégulière d’environ un centimètre d’épaisseur. Les autres surfaces cumulent 2 à 4 centimètres de glace.
Par-dessus la glace, est tombé environ 5 centimètres de granules de glace devenant ensuite neige, qui accumulera une couche supplémentaire de 15 à 20 centimètres.

Première vigilance rouge pour un phénomène de pluies verglaçantes, ayant déjà eu lieu sur le territoire, probablement pas dans ces proportions.

À noter que seul le territoire de Saint-Pierre a été touché par les pluies verglaçantes, le village de Miquelon, seulement 40 kilomètres plus au Nord, n’a vu tomber qu’une grande majorité de granules de glace, parfois mêlés de pluie.

    Orage d'août

    Un marais barométrique s’est installé entre le 12 et le 13 août avec une dorsale anticyclonique typique sur l’Atlantique Nord et une seconde plus à l’Ouest, centrée sur les États du Midwest des États-Unis. La seconde dorsale repousse un thalweg d’altitude de la Nouvelle-Écosse vers Terre-Neuve et Saint-Pierre-et-Miquelon sur la journée du 13.

    L’instabilité est prévue maximale en soirée le 13 et une vigilance jaune pour Orages est émise pour le territoire dès le matin.

    Une première averse, convective mais non orageuse, se forme vers midi et on relève 2,4 mm de précipitations sur l’heure. En fait, ce cumul est intervenu dans un laps de temps plus court, de l’ordre de 12 à 18 minutes.

    En soirée, vers 18 h, un premier système convectif et orageux se forme. Il dépose entre 5 et 6 mm de pluie en une trentaine de minutes, se reforme (ou un second orage prend la suite) un peu avant 19 h et pour l’heure pleine suivante. L’orage est peu mobile et très électrique sur Saint-Pierre et on relève plus de 30 mm en un peu plus d’une heure (entre 18h48 et 20h00) dont 25,8 mm de 19 h à 20 h. Des dégâts mineurs sont constatés par ruissellement et localement par saturation des évacuations d’eau de pluie ainsi que par foudroiement.
    Plus au Nord, l’orage remonte sur Langlade
    et Miquelon, perd de son organisation et les précipitations sont alors plus faibles. À Miquelon on relève un cumul de 13,9 mm entre 20h00 et 22h00.

    Micah De Lizaraga